jeudi 21 mai 2009

REVIEW. The White Lies, To lose my life

The White Lies est un groupe qui écrit blanc sur noir. Une sorte d’orage sonique émaillé d’éclairs aveuglants produisant une pop nerveuse qui ne laisse pas de place aux éclaircies. En anglais, White lies signifie « pieux mensonge », un bel oxymore qui résume en deux mots l’univers clair/obscur du trio. Et pour leur premier album, sorti au printemps 2008, ces jeunes Londoniens ont frappé très fort.
A peine 20 ans, et ils ont déjà les clés du paradis en poche. Mais les White Lies s’y rendent à reculons. C’est donc avec un titre intitulié Death qu’ils ouvrent ce céleste bal des vampires. Une basse obscure, des synthés menaçants, une voix qui chante posément « So frightened of dying / Relax yes i’m trying / But fears got a hold on me »… Le testament est écrit: la voix, un peu aiguë, reste toujours grave. On se sent dans cette chanson comme dans un cercueil, mais avec un coussin confortable et doublure en satin.
Sur les chansons suivantes, l’orage passe un peu. To lose my life propose même un une petite embellie : « Let’s grow old together / And die at the same time » résonne sur un rythme entraînant. La batterie joue son rôle de métronome, mais avec empressement, comme pour gagner un peu de temps sur les heures qui passent.
Ce qui est bien avec les pieux mensonges, c’est qu’ils sont sincères. Ils pourraient nous faire croire que mourir jeune, et seul (et pourquoi pas à 27 ans ?), c’est ce qu’il y a de mieux. Erreur ! nous disent les White Lies. « L’amour ou la mort », d’accord. Mais pas six pieds sous terre.


Mauvais temps. Il pleut beaucoup, sur cet album. From the stars, d’où le chanteur Harry McVeigh (20 ans, répétons-le) relate sa rencontre vertigineuse avec un vieil ami lors de funérailles. Il y chante également l’amour est en sursis (The price of love), du sang qui coule sur E.S.T (“I leave my memoirs in blood on the floor / And my fears with the nurse on the stairs”), et dans Nothing to give, le risque d’égarrement post-traumatique (“I wish I could say I’ve clung to time like gold / But as you said goodbye, I almost died”).
Si certaines compositions peinent à se démarquer de l’humeur noir ambiante (Fifty on our foreheads, Farewell to the fairgrounds), le titre Unfinished business mettra tout le monde d’accord. Le groupe sort les ciseaux et taillent dans le vif :« You’ve got blood on your hands / And I know it’s mine » s’époumonne le chanteur sur fond d’orgues et de guitares dérapantes. C’est comme à la messe, sauf qu’on n’est pas obligé de croire à l’Eternel.
Plus gores que Joy Division, moins gémissants que les Cure, les White Lies semblent déjà maîtriser toute la grammaire dark des années 80. Et la font même sortir du tunnel. Partager leurs angoisses, regarder au fond du même trou nous rassurent. Grâce aux White Lies, le noir ne fait plus peur.

http://www.myspace.com/whitelies
http://www.whitelies.com/

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