lundi 26 janvier 2009

Agnès Varda, les plages et le sablier

"Aimer le cinéma, c'est aimer Jacques Demy, la peinture, la famille et les puzzles". Cette citation d'Agnès Varda illustre parfaitement son dernier film, Les Plages d'Agnès. Un éloge joyeux de la poésie et du cinéma filmé comme une autofiction.


Elle a 80 ans, et toujours l’énergie gouailleuse d’une gamine en vacances. Agnès Varda, ogresse du cinéma à la chevelure violette, nous parle d’elle, pour la première fois. Tapie « dans des miroirs ou derrière des foulards » tantôt devant et tantôt derrière la caméra, elle joue son propre personnage, fragmenté et fuyant, mais empli d'une tendresse sincère et enchanteuse.

Il y a d’abord la petite Arlette Varda, enfant joueuse que ses parents ont balladée sur les plages de Belgique et de Sète. Des plages qu’elle revisite soixante-dix ans plus tard sans nostalgie, et où elle a su développer, au fil du temps, cette indépendance un peu fêlée qui la caractérise.

Il y a évidemment « la » Varda, celle qu'on connait le mieux. La photographe de Jean Vilar et du TNP où elle rencontra Jacques Demy ; la réalisatrice audacieuse de la « Nouvelle Vague » (une vague ? tiens tiens…) et – entre autres – de Cléo de cinq à sept ; la révoltée de Sans toit ni loi, enfin, qui filme l’insupportable déchéance d’un esprit libre joué par la toute jeune Sandrine Bonnaire…

Une vie de Varda

Et puis il y a Agnès, tout court, sans sans doute la plus touchante de tous ses personnages. Un être en suspend à l’imagination ravageuse qui a partagé la vie d’un réalisateur mort avant d’avoir vieilli. Une Agnès Varda devenue grand-mère, aussi, qu'on prend plaisir à voir couver sa fratrie amusée par tant de - fausses- fanfaronneries.

Dans ce film-testament où "elle se souvient, pendant qu'elle vit", Varda se rapproche enfin un peu de nous. De ses débuts faits de bric et de broc où elle cotoie déjà Noiret et Resnais, à sa récente exposition à la Fondation Cartier (encore une histoire d'îles...), Varda nous impressionne et nous rassure à la manière d'une babouchka. De-çi de-là, pourtant, parmi les rires et les délires, surgissent des instants plus fragiles et douloureux. On sait que tôt ou tard, le temps finira pas tout emporter. Alors on se dit, comme elle, qu’on aimerait que cela ne finisse jamais…


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